Roland-Garros. Sinner, Musetti, Berrettini… Un grand coup de botte italienne sur le tennis mondial

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Ils étaient cinq au 3e tour, ils seront trois en 8es de finale de Roland-Garros. Matteo Berrettini (25 ans), Jannik Sinner (19 ans) et Lorenzo Musetti (19 ans) ont déjà tout de grands, et promettent un avenir radieux à l’Italie dans le tennis masculin.

Ce samedi, en début d’après-midi à Roland-Garros, deux queues s’étiraient devant le petit court n°7 jusqu’à toucher les murs de l’immense Philippe-Chatrier. Comme si tout le monde s’était passé le mot. L’attraction de la journée, c’était ce match 100 % transalpin entre Marco Cecchinato (28 ans) et Lorenzo Musetti (19 ans). Un show à l’italienne en cinq actes, remporté 3-6, 6-4, 6-3, 3-6, 6-3 par le cadet.

Un peu plus tard dans la journée, Jannik Sinner, 19 ans lui aussi, se qualifiait à son tour pour les 8es de finale, tout comme un autre compatriote, Matteo Berrettini. Au 3e tour, ils étaient déjà cinq. Un record.

Aujourd’hui, dix Italiens figurent dans le top 100 mondial. Du jamais-vu. Comment expliquez ce succès soudain de la péninsule ? La veille, nous nous étions risqués à poser la question au caractériel Fabio Fognini qui venait de prendre la porte… « Vous me posez les mêmes questions depuis des mois ! Les mecs (en s’adressant aux journalistes italiens), traduisez-leur ce que je vous ai déjà dit cent fois. »

Cette humeur avait le mérite d’en dire long sur cette mode italienne. « Moi et Jannik (Sinner), je pense qu’on est le futur du tennis italien et du tennis tout court, glissa ensuite Musetti, un peu plus heureux de répondre. Jannik est en avance et je vis un peu ce qu’il a vécu l’année dernière. On a grandi tous les deux et on va encore passer beaucoup de temps ensemble sur le circuit. »

Les trois bolides transalpins auront droit à un crash test grandeur nature en 8es : Sinner affrontera Nadal, pour un remake du quart de l’an passé, Musetti défiera Djokovic, et Berrettini, Federer.

Le tennis italien s’est réinventé

« Ce môme (Musetti) a un talent incroyable », jure Ubaldo Scanagatta. Journaliste pour le média transalpin Ubitennis.com, il couvre le tournoi parisien depuis 45 ans. Lors de son premier Roland, Adriano Panatta s’était imposé en 1976. Depuis, il attend son toujours son successeur en Grand Chelem. « En 1990, il y avait neuf tournois ATP en Italie, explique-t-il. Et puis ils ont tous disparu, à part Rome. Aujourd’hui, c’est le pays qui compte le plus de Challengers avec les États-Unis. En 2004, la fédération italienne a aussi construit un centre national près de Pise. Il n’y avait alors qu’un seul joueur dans le top 50. Enfin, il y a cinq ans, elle a accepté d’aider les structures de coaching privées. »

Tous ses ingrédients ont ainsi favorisé l’émergence du tennis italien. « En plus de ça, les joueurs sont bons amis et leurs coaches les suivent depuis le plus jeune âge, ajoute Ubaldo Scanagatta. La demi-finale de Cecchinato ici en 2018 a également servi de déclic, car l’Italie n’avait plus eu de demi-finaliste de Grand Chelem depuis 1977. »

Brillant chez les filles depuis le début du siècle, le tennis italien se conjugue désormais au masculin. De quoi chanter à tue-tête le Fratelli d’Italia ( » Frères d’Italie »).

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