POINT DE VUE. Climat, l’Europe en pointe

Europe

Le 14 juillet 2021, la Commission européenne a frappé fort en présentant 12 propositions qui doivent permettre de passer concrètement à une Europe plus verte et incarner la lutte contre le réchauffement climatique. Le plus dur commence.

En juin, Joe Biden avait frappé un grand coup réformateur en donnant son aval à la création d’un impôt minimal mondial sur les sociétés. Deux mois plus tard, l’Europe montre qu’elle est capable, elle aussi, d’avoir du leadership : le 14 juillet, elle a mis sur la table un projet très ambitieux sur le climat. Cette date restera clé dans la tentative menée par la planète pour limiter un réchauffement catastrophique pour la vie sur terre.

Si l’objectif que se fixe l’Union européenne est noble, il faut dire aussi d’emblée que sa simple formulation montre combien il sera difficile de l’atteindre. Il s’agit de réduire de 55 % les émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030. Sachant qu’en 30 ans, c’est-à-dire jusqu’à maintenant, elles n’ont été diminuées « que » de 24 %, on voit le chemin à parcourir en moins de 10 ans… La tâche paraît herculéenne, le mot est faible.

La Commission de Bruxelles, sur le contenu, n’y est pas allée avec le dos de la cuillère : fin des voitures thermiques neuves en 2035, montée des énergies renouvelables, taxation du kérosène, sorte de taxation carbone sur les importations, renchérissement des prix du chauffage et des carburants, etc. La barre a été mise à un haut niveau et l’opinion, qui a les inondations en Allemagne sous les yeux, voit tout cela avec intérêt.

De quoi s’agit-il au fond ? La génération qui est aujourd’hui aux commandes veut prouver à la génération Greta Thunberg que des solutions existent pour répondre au défi du siècle. Mais chacun doit avoir aussi conscience que la mise en œuvre ne sera pas un chemin de roses. Comment faire pour que la décarbonation accélérée de l’économie ne détruise ni le pouvoir d’achat, ni les emplois, ni la compétitivité ?

Trois questions

Sauter sur sa chaise en répétant « climat, climat, climat » ne suffit pas et trois questions l’illustrent facilement. La première concerne les voitures électriques. Leur part progresse (17 % des ventes en Europe au premier semestre, y compris les hybrides), plus de 300 modèles sont disponibles dans le monde, mais elles restent chères et c’est aussi un bouleversement industriel complet. Stellantis et Renault vont-ils résister à ce choc inouï ?

La deuxième question est celle-ci : combien de Gilets jaunes et de Bonnets rouges dans les années qui viennent ? Les décideurs politiques français sont désormais tétanisés à l’idée d’une taxe carbone. Leur idée, c’est que toute la pression du changement passe par les réglementations plutôt que par les signaux-prix : on interdit le chauffage au fioul, on n’augmente pas le prix au litre. Mais c’est un peu le sapeur Camember !

La dernière question est la plus importante. L’Europe représente seulement 10 % des émissions mondiales de CO2 et la température n’y baissera pas si elle fait des efforts toute seule dans son coin. Cela ne veut naturellement pas dire qu’il ne faut pas les faire, mais comment avoir une capacité d’entraînement sur le reste du monde ? En Chine, il n’y a pas d’opinion publique et on attend encore le plan de Joe Biden.

Au total, l’Europe a raison de prendre l’initiative et si elle a perdu la bataille numérique, elle peut prendre la main sur la bataille climatique. Elle peut être une terre d’innovations, comme elle le montre avec ses géants nordiques de l’éolien en mer. Autre atout, nos modes de vie plus sobres – et qui devront l’être davantage encore — qu’aux États-Unis. Mais le véritable défi est de vouloir et de réussir à convaincre le reste de la planète.

 

ouest-france.fr

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