Face aux variants du Covid-19, les enfants sont plus contaminés et potentiellement plus contaminants

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Coronavirus

Alors que les variants du Covid-19 se propagent en France, l’exécutif a renforcé le protocole sanitaire dans les écoles, aboutissant dans certains cas à la fermeture d’établissements scolaires. Ces mesures traduisent-elles une plus grande dangerosité du Covid-19 chez les enfants ? France 24 fait le point.

Qu’ils soient anglais, sud-africain ou brésilien, depuis plusieurs semaines, des variants du Covid-19 circulent de plus en plus en France et dans le reste de l’Europe. Leur propagation rapide inquiète les autorités, qui ont pris des mesures localisées et plus restrictives pour les contenir. Alors que les enfants semblaient jusqu’à maintenant plutôt épargnés par l’épidémie, l’arrivée de ces variants a poussé le gouvernement à renforcer les restrictions.

Depuis lundi, les masques de catégorie 1 sont désormais obligatoires pour les écoliers de la primaire au lycée. Le Premier ministre, Jean Castex, a également annoncé le déploiement des tests salivaires dans les écoles, sous les recommandations de la Haute Autorité de santé. En outre, de la maternelle au lycée, une classe entière peut désormais être fermée si un enfant, ou un membre de sa famille, est contaminé par un des deux variants.

Aujourd’hui 1 599 classes et 103 établissements scolaires sont donc fermés, a indiqué vendredi le ministère de l’Éducation nationale. Des chiffres en nette hausse par rapport à la semaine précédente.

La fermeture des écoles est-elle une solution ? La communauté scientifique reste divisée sur le sujet. Contacté par France 24, le pédiatre François Vié le Sage estime que cette possibilité doit être mise en œuvre « en dernier recours ». Car, selon lui, « si l’épidémie progresse, ce n’est pas à cause des écoles ».

Ce médecin, qui coordonne le groupe de recherche de la commission scientifique de l’Association française de pédiatrie ambulatoire (Afpa), prend pour exemple les écoles suédoises, qui sont restées ouvertes pendant plusieurs mois en 2020. « Le virus circulait beaucoup dans le pays, mais les écoliers et les enseignants ont gardé un taux de portage du Covid-19 inférieur à celui de la population générale », indique François Vié le Sage, qui est aussi membre du groupe d’expert en vaccinologie InfoVac.

Autre exemple : celui des quelques crèches qui sont restées ouvertes pendant le premier confinement, afin d’accueillir les enfants de soignants. « Le taux de positivité au Covid-19 restait faible chez ces enfants et leurs parents n’étaient pas plus contaminés que les autres », assure le médecin.

La question épineuse de la fermeture des écoles

Contacté par France 24, Éric Billy, chercheur en immuno-oncologie, membre du collectif scientifique Du côté de la science, estime, lui, que le gouvernement devrait prendre des mesures ciblées, comme en Moselle, qui connaît une incidence du virus plus élevée que sur le reste du territoire, notamment avec une progression du variant sud-africain.

« Dans ce département, il faudrait déplacer les vacances le plus tôt possible pour éviter la circulation du virus au sein de l’école », réclame-t-il. « Les enfants étant contaminants, il est fort probable qu’ils contaminent la bulle familiale après s’être transmis le virus à l’école. Ils sont aussi au contact d’adultes présents dans les établissements qu’ils peuvent contaminer. »

L’immunologue poursuit : « Avec les variants, les enfants sont certainement plus contaminants qu’ils ne l’étaient par le passé, car nous observons une croissance du nombre d’enfants contaminés et hospitalisés. »

Éric Billy se veut toutefois rassurant : si les variants sont plus contagieux chez l’ensemble de la population, y compris chez les enfants, ceux-ci restent globalement moins atteints que les adultes, et moins contagieux.

« Les enfants développent des formes moins graves que les adultes et nous ne constatons pas une hausse significative de la mortalité infantile. Mais puisque la charge virale de ces variants est plus élevée, les enfants porteurs du virus vont mettre un peu plus de temps à se remettre de la maladie, comme les adultes », explique l’immunologue, qui pointe toutefois un manque de données sur les effets des variants du Covid-19 chez les enfants.

Pas de vaccin pour les enfants

Pour toutes ces raisons, la France a fait le choix de ne pas vacciner les enfants en priorité. « Aujourd’hui, la vaccination des enfants n’est pas du tout d’actualité parce que les enfants sont peu malades et peu contagieux. Il n’y a pas de légitimité particulière à envisager de protéger les enfants avant que tous les adultes n’aient été vaccinés », a affirmé vendredi Alain Fischer, président du Conseil d’orientation de la stratégie vaccinale.

De son côté, François Vié le Sage rappelle que d’autres maladies peuvent toucher les enfants, en particulier l’hiver. « Depuis janvier, nous constatons une baisse d’environ 70 % à 80 % des infections hivernales par rapport aux années précédentes.

Cette baisse prouve que le masque et les règles d’hygiène renforcées entrent dans les mœurs et sont efficaces. Mais une fois que l’épidémie aura baissé en intensité, ces infections connaîtront peut-être un rebond chez les enfants, questionne le pédiatre.

 

france24.com

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